La couleur, dans un de mes tableaux, est tout autant définie par sa vitesse, sa transparence, sa matité, son épaisseur, ses couches profondes, que par sa teinte qui la rapprocherait de tel paysage aimé ou de telle figure connue.
La peinture ouvre mon imagination à des espaces infinis où les notions communes de haut et de bas, de proche ou de lointain, se fondent dans la courbure de l’univers. Le tableau me permet d’accomplir une errance colorée, un voyage qui me conduit de la pesanteur du limon à l’éclat de l’étoile. Cet espace en expansion, contenu dans la matière dont est faite la peinture, dans le bref espace de la toile, dans le geste de la main peignant, est devenu actif dans mon œuvre dès le moment où j’ai compris que le tableau ne pouvait se contenter de figurer une fenêtre ouverte sur le monde mais qu’il était un champ, beaucoup plus large, beaucoup plus ancien, où circule l’énergie fossile du monde visible.
Inlassablement, chaque jour, je cherche à faire coïncider matière et vision parce que l’expansion du monde, sa courbure, sa musique – je l’ai reconnu, cela me trouble et me stimule à la fois -, font écho à la course sans fin de l’univers, écho à mon errance colorée.